La localisation du président est inconnue et les rumeurs de fuite se multiplient. Mais ses services assurent qu’il est toujours à Madagascar pour assurer les affaires courantes, malgré les appels à la démission.
Acculé de toutes parts par les appels à la démission, le président Andry Rajoelina doit s’adresser à la nation à 19h (16h GMT), ont annoncé ses services dans un communiqué sur Facebook. Samedi soir, après une journée de manifestations et de confusion, le chef de l’État a dénoncé « une tentative de prise du pouvoir illégale et par la force ».
La localisation actuelle du président est inconnue et des rumeurs de fuite se multiplient. Ses services ont assuré qu’il était resté dans l’île pour gérer les affaires courantes. Au contraire de son ancien Premier ministre Christian Ntsay, limogé fin septembre et qui est lui arrivé à Maurice dans la nuit de samedi à dimanche par un vol privé, en compagnie du prospère entrepreneur Maminiaina Ravatomanga, dit Mamy, ami personnel du chef de l’État.
« L’armée a répondu à l’appel du peuple »
Andry Rajoelina semble de plus en plus isolé. Ce week-end, le Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT), l’unité militaire qui avait joué un rôle majeur dans sa prise de pouvoir en 2009 à la suite déjà d’une mobilisation populaire, a appelé les forces de sécurité à « refuser de tirer » sur les manifestants. Dimanche, le ministre des Armées a reconnu comme chef d’état-major le général Démosthène Pikulas, un officier choisi par le CAPSAT. « Je lui donne ma bénédiction », a déclaré le ministre.
« Ceci n’est pas un coup d’État », a déclaré à Jeune Afrique dimanche le colonel Mickaël Randrianirina, l’officier malgache qui a appelé à la mutinerie aux côtés du CAPSAT et pris la tête du mouvement. « L’armée a répondu à l’appel du peuple malagasy. Le pouvoir appartient au peuple, pas à moi, a-t-il ajouté. Le chaos actuel n’a pas été provoqué par l’armée mais par les dirigeants [de ce pays] ».
Des soldats ont accompagné samedi dans le centre-ville de la capitale des milliers de manifestants, les rejoignant à nouveau dimanche pour un rassemblement en hommage aux personnes tuées au cours des plus de deux semaines de manifestations ayant commencé le 25 septembre.
Drapeau malgache et ambiance festive
De nouveau lundi, des centaines d’étudiants sont descendus dans les rues d’Antananarivo dans une ambiance festive, défilant en agitant le drapeau malgache et au rythme d’une fanfare. Le collectif à l’origine des manifestations, baptisé Gen Z, a appelé à un nouveau rassemblement plus tard lundi.
Le mouvement de contestation, qui dénonçait au départ les coupures incessantes d’eau et d’électricité, s’est mué depuis en une contestation plus large, notamment d’Andry Rajoelina, 51 ans. Au moins 22 personnes ont été tuées au début des manifestations, d’après un bilan des Nations unies. Le chef de l’État a démenti des « chiffres erronés », estimant les « pertes de vies » à 12, tous « des pilleurs, des casseurs » selon lui.
(Avec AFP)
