Le « tambour parleur » avait été saisi en 1916 par les autorités coloniales françaises en Côte d’Ivoire. Envoyé en France en 1929, il a été exposé au musée du Trocadéro, puis à celui du quai Branly.
Le Djidji Ayôkwé, « tambour parleur » volé il y a plus d’un siècle par la France et réclamé depuis six ans par la Côte d’Ivoire, a été déclassé des collections nationales, ce qui permet sa restitution effective, selon le Journal officiel paru jeudi 17 juillet. « L’autorité administrative dispose, à compter de la même date, d’un délai d’un an pour transférer ce bien à la République de Côte d’Ivoire », est-il précisé.
Il doit rejoindre le Musée des civilisations de Côte d’Ivoire où des travaux sont en cours de finalisation, avant son retour. Cette étape fait suite au feu vert unanime du Parlement français, en avril puis, en juillet, permettant de déclasser ce bien culturel en dérogeant au principe d’inaliénabilité des collections publiques. Restauré en 2022, le tambour parleur est conservé au musée du quai Branly-Jacques Chirac, à Paris.
Mesurant trois mètres de long et pesant 430 kg, cet instrument sacré servait à transmettre des messages rituels et à alerter les villageois, par exemple lors des opérations de recrutement forcé ou d’enrôlement militaire. Saisi en 1916 par les autorités coloniales auprès de l’ethnie ébrié, il avait été envoyé en France en 1929, exposé au musée du Trocadéro puis à celui du quai Branly.
En attendant une loi-cadre
La Côte d’Ivoire avait officiellement formulé sa demande en 2019. C’est le premier objet d’une liste de 148 œuvres dont le pays demande la restitution à la France. Emmanuel Macron en avait pris l’engagement 2021.
Ce cas symbolique a toutefois mis en lumière la lenteur du processus français. À ce jour, seules 27 œuvres ont été officiellement restituées à des pays africains depuis une loi votée en décembre 2020, qui a permis le retour des 26 trésors d’Abomey au Bénin et du sabre d’El Hadj Omar au Sénégal.
Afin d’éviter des restitutions au compte-gouttes et parfois sous la forme de prêt, une loi-cadre a été annoncée, mais n’a toujours pas vu le jour. Un projet de loi doit être présenté en Conseil des ministres fin juillet. En 2023, la France a adopté deux autres lois-cadres, l’une facilitant la restitution des restes humains, l’autre des biens spoliés par les nazis.
Source : France info