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Magic System est de retour avec « Vida Loca » : « Nous avons su prendre notre zouglou et aller à la rencontre des musiques urbaines »

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Avec son nouveau single, premier extrait d’un album dont la sortie est prévue à l’automne, Magic System compte rythmer l’été. Entretien avec A’Salfo, le leader vocal du groupe ivoirien.

Vida Loca, le dernier opus ensoleillé de Magic System, pourrait être une suite à leur tube planétaire 1er Gaou où l’on rencontre Antou, femme vénale, dont le petit copain n’a pas les moyens de suivre. Les goûts de la femme évoquée dans la nouvelle chanson du groupe sont encore plus luxueux et son soupirant semble encore dépassé, mais toujours aussi sage. Divertir et ambiancer : Magic System reste fidèle à son leitmotiv, comme le rappelle A’Salfo, le leader du groupe ivoirien qui arpente les scènes de Côte d’Ivoire, de France et d’ailleurs depuis une trentaine d’années.

Franceinfo Culture : Vous signez votre retour avec Vida Loca, tout un programme…
A’Salfo
: Nous avons toujours souhaité que nos fans, tous ceux qui nous écoutent, prennent la vie du bon côté. Quand on parle de Vida Loca, on parle d’une bonne vie, d’une belle vie. On a voulu se lâcher tout en restant dans notre registre. Dans cette chanson, on fait un clin d’œil à toutes les personnes qui aiment les marques, qui sont accros à la mode en leur disant que quand on veut mener la belle vie, il faut le faire jusqu’au bout. C’est une histoire d’amour. Avec toi, dit la chanson, on mène la belle vie sans avoir les moyens de t’acheter toutes ces marques, mais on t’aime.

Comment expliquez-vous qu’un son aussi singulier que celui de Magic System – ce zouglou fabriqué en Côte d’Ivoire et ses mots en nouchi (argot ivoirien) –, a trouvé son public et est devenu un incontournable des soirées françaises ?
C’est la bonne grâce. On est arrivé avec notre musique et, à l’époque, la musique africaine n’avait pas d’ouverture sur les boîtes de nuit, les grandes chaînes de télévision. Nous avons eu cette opportunité-là et on a su la saisir. Nous avons essayé de nous inscrire comme un groupe qui apportait du soleil et de la bonne humeur. Nous avons également su prendre notre zouglou et aller à la rencontre des musiques urbaines d’ici. Aujourd’hui, c’est ce mélange qui fait que Magic System est associé à la fête dans la mémoire collective des Français. En termes d’ambiance, on nous compare à Kassav’.

https://youtube.com/watch?v=PIdspFX-lME%3Fsi%3DoKgwhXV-976z7O8N

Magic System, c’est une longue carrière qui commence à Anoumanbo, un village dans le quartier de Marcory dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan. L’aventure vous a menés sur les scènes du monde entier. Quel bilan faites-vous des décennies qui viennent de s’écouler ?
Bientôt trente ans de carrière. Pour Magic System, c’est un beau bilan d’être encore là. Pour la musique africaine, le bilan est plus mitigé parce qu’on a l’impression que ce sont les mêmes qui sont toujours là. On parlera toujours de Magic System, d’Alpha Blondy, de Tiken Jah, de Youssou N’Dour, de Mory Kanté… Mais la nouvelle génération est souvent cantonnée au continent. Ce n’est d’ailleurs pas mal parce que les Africains ont appris à consommer local. Cependant, j’aurais voulu que les médias s’ouvrent également davantage à cette production musicale…

Est-ce que ce n’est pas un problème d’artistes francophones, car les Nigérians ne semblent avoir aucune peine à s’imposer, ces dernières années, partout dans le monde avec l’afrobeats, y compris en France ?
Les Nigérians ont pris le pas sur les francophones parce que ces derniers aiment ce qui vient d’ailleurs. Déjà, on a plus d’avantages, plus d’ouvertures quand on fait de la musique en anglais. Les Nigérians ont touché les États-Unis, et tout ce qui touche ce pays rejaillit automatiquement sur le monde. Ils font des Stade de France, des Bercy ou l’Arena alors que des artistes francophones n’y parviennent pas. Ne faudrait-il pas une prise de conscience générale des radios en France qui ont énormément de critères pour accepter la diffusion des musiques qui viennent d’Afrique ? Il faut un peu faire sauter les verrous pour permettre à ces musiques de s’installer. Je pense à des gens comme les Ivoiriens Didi B ou Himra qui sont en Afrique et qui n’arrivent pas à se faire une place dans les médias français.

Ensuite, la bataille devient plus serrée quand il y a un quota « langue française » donné par les radios. Il faut reconnaître que ceux qui sont nés en France et sont issus de la diaspora africaine, qui sont dans les milieux du rap notamment, ont connu une belle éclosion au début des années 2000 et jusqu’à aujourd’hui tiennent la dragée haute, à l’image de Gims, Dadju, Ninho…

Ces critères étaient moins importants il y a trente ans ? Était-il plus facile de passer sur une radio française avant, quand on était un musicien du continent africain ?
Non, c’étaient les mêmes critères, mais nous étions sur une branche où il n’y avait pas beaucoup d’artistes. Peu faisaient à l’époque de la musique d’ambiance. La musique urbaine, qui monte sur le continent, en Côte d’Ivoire par exemple, c’est le rap même si on le qualifie de « rap Ivoire ». Mais c’est le rap et la concurrence est plus rude ici dans le domaine. À l’époque, il n’y avait pas de concurrent de Magic System. C’était 1er Gaou, de la musique zouglou, mélangée au raï n’B. Mais aujourd’hui, si les radios doivent choisir entre Gims et un rappeur du Burkina ou en Côte d’Ivoire, elles vont plutôt miser sur le premier qui parle plus à leurs auditeurs que ceux qui sont de l’autre côté sur le continent.

Tous ces artistes français, inspirés par la musique africaine de par leur ascendance – certains sont les fils de grands artistes africains d’ailleurs –, ont peut-être pu éclore parce que vous avez préparé d’une certaine manière le terrain avec votre son…
Humilité mise à part, quand nous sommes arrivés avec nos sonorités, ça a permis à tous ces jeunes qui vivaient dans les cités de comprendre que la musique africaine peut aussi avoir sa place. Le rap hardcore de ces jeunes s’est dilué dans des mélodies et ambiances africaines. Quand j’écoute Sapés comme jamais de Gims, ça n’a rien à voir avec des sonorités africaines, mais plutôt avec des sonorités congolaises. Ces envolées sont celles de la musique africaine.

« Nous avons inspiré ces jeunes qui ont mélangé ce qu’ils savaient faire avec ce que nous avions apporté d’Afrique. Ce qu’ils ont appelé « afro trap » d’ailleurs, un genre dérivé du zouglou que nous avons fait dans les années 1990. MHD est arrivé avec l’afro trap et tout le monde est resté dans ce couloir-là. Toute la musique qu’on écoute aujourd’hui, c’est de l’afro trap. »A’Salfo du groupe Magic System

à franceinfo Culture

Vous avez lancé le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua), en Côte d’Ivoire, une scène où l’on a vu récemment Angélique Kidjo aux côtés de l’artiste ivoirienne Roselyne Layo qui ont signé une collaboration. Pourquoi ce festival est-il un projet important pour vous ?
Le Femua s’inscrit dans la vision de l’héritage que nous voulions laisser à cette nouvelle génération qui arrive. Nous avons remarqué que nos musiques n’avaient pas une plateforme conséquente pour les accueillir. Ce festival est d’abord un canal de diffusion parce qu’il n’y a pas beaucoup de festivals sur le continent. C’est ensuite une façon de mettre en lumière des jeunes talents, qui n’auraient peut-être pas eu la chance de s’exprimer sur de grandes scènes à l’étranger, de leur ramener tous les grands médias qu’il y a ici afin de leur donner la possibilité de se faire découvrir par le monde entier. Le Femua est non seulement un canal pour promouvoir la musique urbaine, mais aussi un lieu de rencontres et une opportunité d’exposition de tous les talents que nous avons.

Il faut changer de paradigme : avant, il fallait venir ici pour présenter ses projets. Si on ne peut pas se déplacer, on peut permettre aux médias de venir découvrir ces projets. Et puis aujourd’hui, avec la transformation digitale et le numérique, on a plus besoin de prendre un avion pour venir faire la promotion d’un artiste à l’étranger. Avec tous les canaux dont on dispose, on peut se permettre de rester en Afrique et d’avoir un impact. C’est le digital qui a permis à des artistes comme Burna Boy de se faire connaître et de remplir aujourd’hui des grandes salles et des stades partout dans le monde. Le numérique va permettre d’exposer encore mieux la musique africaine.

Source : France info.fr

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